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Actualités Jean-Marc Furlan : « L’important c’est l’image que l’on montre »

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3 juillet 2019
Jean-Marc Furlan : "L’important c’est l’image que l’on montre"

Jean-Marc Furlan : "L’important c’est l’image que l’on montre"

Comment s’est passée votre arrivée au sein de l’AJA ?

Ça se passe très bien. Les joueurs sont très réceptifs et très attentifs, c’est très agréable. Je n’en attendais pas moins. Ils découvrent un nouvel entraîneur donc ils sont aussi dans l’analyse de la personne qu’ils ont en face d’eux. En plus, en termes d’infrastructures, l’AJA est un très très beau et grand club. On voit bien comme je le dis aux joueurs que c’est un club qui a connu l’Europe et qui est structuré pour ça. 

 

Quel est votre ressenti d’ensemble après ces quinze premiers jours à l’AJA ?

Quand on change de club, et j’ai fait pas mal de clubs comme entraineur, chaque fois on découvre des éléments et on découvre aussi dans quel état psychologique peut être un groupe. Et là ce que je constate c’est que, pour des raisons x ou y que je ne veux pas forcément savoir, c’est un groupe qui est très marqué par les années qui viennent de passer. Il faut le dire. Ou marqué par les résultats ou marqué par la vie qu’ils ont eue. Mais c’est un groupe traumatisé et en deçà de ses capacités, c’est très clair. 

Moi je ne suis pas quelqu’un qui fait de la langue de bois. Parce-que c’est mieux d’être transparent et de dire la vérité. C’est comme dans une famille, on avance beaucoup mieux que si on fait toujours des non-dits.

Pour apprendre à se connaître, il faut beaucoup plus de temps que ces deux semaines. Pour apprendre à bien jouer au football, il faut beaucoup de temps aussi. Ce que d’ailleurs le public et les supporters ont du mal à comprendre. 

C’est ce que je dis aux joueurs, pour apprendre à jouer un football correct et efficace, ce qui se passe au Bayern Munich, au Real, au Barça, les mecs sont ensemble depuis 4, 5, 6 ans. C’est là où tu construis un projet dans un club, quand tu as 12 ou 15 joueurs qui vivent ensemble depuis plusieurs années. Alors tu es un club costaud. 

Le problème c’est que dans notre société actuelle, parce qu’on aime la nouveauté, on aime l’instantanéité et on veut du changement tous les ans. On voit apparaître dans le monde des nouveaux dirigeants qui sont quelque part des traders. Et à partir de là c’est très compliqué pour les entraîneurs et le projet sportif. Ce qui n’est pas du tout le cas ici à l’AJA. Ce n’est pas du tout le discours que m’ont tenu le Président Graille, Cédric Daury et Monsieur Zhou. Au contraire. Ce qu’on voit surtout c’est comment vivre ensemble, apprendre à se connaitre pour construire un groupe très solidaire et très combattif.

Maintenant, ce que les gens aiment c’est changer de téléphone toutes les semaines, changer de télé tous les mois et de voiture tous les six mois. C’est pareil pour le foot. Ce qu’ils aiment c’est avoir des joueurs nouveaux. Certes c’est important tous les ans d’avoir deux ou trois nouveaux joueurs. Mais ce qui est important surtout, c’est que les gens s’identifient à leur équipe. Et trouver comment faire pour créer une symbiose, une osmose avec des gens qui vivent dans l’institution, pour créer quelque chose qui perdure et qui fait des attaches très fortes, des attaches sociales et culturelles, pas seulement sportives.

C’est vrai qu’on a besoin de joueurs. C’est vrai que ça sera peut-être plus dur au début, parce qu’il y aura peut-être des joueurs qui arriveront au dernier moment. Mais la saison peut aussi se construire sur dix mois. Il en faut des joueurs nouveaux ici, mais il faut être patient. Je pense qu’il y en a eu dans le passé qui n’ont pas forcément été satisfaisants ni pour le club, ni pour les supporters. Alors restons calmes et prenons peut-être un peu plus de temps.

 

On est obligé de vous poser la question coach, on a lu que vous étiez inquiet. Inquiétude, ça veut dire peur ?

Sache une chose, c’est que Furlan il est toujours inquiet. Même quand il est premier avec 10 points d’avance il est inquiet. Parce qu’un entraîneur se prépare toujours au pire. Si tu fais ce métier, tu as plutôt intérêt. Comme disait Elie Baup, quand tu es entraineur, les mauvaises surprises ne sont pas de surprises, ce sont les bonnes surprises qui sont des surprises. Donc tu es toujours inquiet. Quand tu es premier tu as peur de perdre ton meilleur joueur, tu as peur de perdre ton prochain match. Raison de plus quand tu construis un projet, l’inquiétude ne te quitte jamais. On travaille dans cet état d’esprit avec les joueurs : comment on va pouvoir être costaud, combattif même si notre équipe n’est pas totalement pourvue avec tous ses éléments en début de saison et ce de façon à ce que l’équipe montre une bonne image d’elle.

Après les résultats peuvent venir, je sais que quand tu travailles correctement, durablement, de façon équilibrée, les résultats tombent et sont pérennes. Je l’ai vécu plusieurs fois ailleurs, parfois ça prend beaucoup plus de temps mais l’important c’est l’image que l’on montre de notre groupe. Pas seulement sur le plan footballistique mais aussi sur le plan identitaire. Voilà ce qui m’importe. 

Avec mon staff on est très heureux d’être ici, on a les plus grandes ambitions. Mais on sait aussi que ça peut être compliqué, c’est comme ça le foot. Ça peut aussi bien marcher très vite.